ATAYA/THé/TEA

Performance son & vidéo dans l’espace public
Des cérémonies du thé sont organisées en séries par le duo d’artistes sud-africains The Trinity Session... à partager au coin des rues à Saint-Ouen et à Paris dans le 18ème arrondissement du 17 au 20 juin 2013. Le 21 juin, une dernière cérémonie sera organisée, accompagnée de projections multimédia, réalisées en collaboration avec Laure Bollinger, créatrice sonore.
Découvir l’univers des artistes sur l’émission de France Culture Ville-Monde "Johannesburg, périphéries et townships” • 7 octobre 2012

Lundi 17 juin 2013

Mardi 18 juin 2013

Jeudi 20 juin 2013

Vendredi 21 juin 2013



Vendredi 21 juin 2013 • de 19h30 à 23h30 • Performance son & vidéo hors les murs / dans l’espace public : au 82 rue Saint-Denis, 93400 Saint-Ouen.

Cet événement sera précédé de petites formes : trois cérémonies du thé expérimentales et ouvertes aux publics :
Jeudi 20 juin 2013 • de 16h30 à 18h30 • Hors les murs : Place Payret, Saint-Ouen (Quartier Arago-Zola).
Mardi 18 juin 2013 • de 17h à 18h30 • Hors les murs : rue Soubise, devant le bâtiment 4 - 93400 Saint-Ouen (Quartier du Vieux Saint-Ouen).
Lundi 17 juin 2013 • de 15h à 17h • Hors les murs : parvis du Louxor, quartier de la Goutte d’Or, Paris 18ème.

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Photo : The Trinity Session, Ataya/ thé/ tea. 15 novembre 2012. Johannesburg

LA CRÉATION

  • 2 artistes sud-africains : Stephen Hobbs et Marcus Neustteter
  • Des invités : Samuel Nja Kwa (photographe), Laure Bollinger (créatrice sonore), Florence Cherrier (animatrice engagée)...
  • 10 jours de résidence dans les rues de Saint-Ouen
  • Des dizaines d’habitants et d’acteurs locaux
  • Du thé, du sucre, de la menthe, 200 verres, 15 théières
  • Une démarche artistique et militante autour de l’espace public
  • Des échanges et de la générosité

Ataya/thé/tea est un projet artistique qui se déroule dans l’espace public, prenant la forme de cérémonies du thé géantes et performatives.

Une première expérience a été réalisée à Johannesburg en novembre 2012, accueillant environ 150 personnes sur 5 heures. Le projet se poursuit en France en juin 2013.

Dans un premier temps, trois cérémonies à petite échelle (30 à 50 personnes sur 2 heures) seront organisées à titre expérimental, dans trois différents lieux. Le but de ce préambule est d’ouvrir le dialogue avec les habitants du territoire, et de créer les contenus vidéos, audio et photo qui seront utilisés pour l’événement principal du 21 juin. C’est avant tout un moment de travail et d’expérience pour les artistes. Ces cérémonies sont ouvertes, n’hésitez pas à y passer pour prendre un thé :
• Jeudi 20 juin 2013, de 16h30 à 18h30, Place Payret, Saint-Ouen (Quartier Arago-Zola).
• Mardi 18 juin 2013, de 17h à 19h, rue Soubise - devant le bâtiment 4, 93400 Saint-Ouen (Quartier du Vieux Saint-Ouen).
• Lundi 17 juin 2013, de 15h à 17h, Préau du Louxor, quartier de la Goutte d’Or, Paris 18ème.

Ensuite, une cérémonie principale sera organisée à plus grande échelle (pouvant accueillir 200 personnes sur 4 heures), dans le contexte de la fête de la musique à Saint-Ouen ; elle sera l’occasion de projections vidéos et sonores. Cela reste une étape de travail permettant de continuer à créer des contenus vidéos, audio et photo, même si ce moment présente un caractère événementiel.
• Vendredi 21 juin 2013, de 19h30 à 23h30, dans l’espace public au 82 rue Saint-Denis, 93400 Saint-Ouen.

À l’issue de ces cérémonies, à partir de juillet 2013, les deux artistes travailleront sur la préfiguration d’un projet permanent. Le résultat du projet prendra nécessairement une forme rentrant dans la catégorie art contemporain, entre arts visuels, pratiques sonores et multimédia.

Pendant l’ensemble de ce processus, les artistes côtoient des artistes invités ou des collaborateurs (photographes, créateurs sonores, activistes...) qui apportent un regard extérieur au projet.


LES ARTISTES INVITÉS

Pour la première intervention à Johannesburg, Samuel Nja Kwa est invité à collaborer avec The Trinity Session sur l’installation vidéo qui sera projetée pendant la cérémonie du thé, et à documenter l’événement. À travers son regard, il propose un portrait photographique de la cérémonie organisée à Johannesburg, qui est intégré en tant que matériau pour la création de l’installation en juin 2013.
Samuel Nja Kwa, journaliste de formation, apprend la photographie en autodidacte. Il passe une partie de son enfance au Cameroun. Aujourd’hui, il vit et travaille à Paris comme photographe, en particulier dans le milieu de la musique sur la question de l’Africanité dans le jazz américain (cf. Route du Jazz), et sur la visibilité des Africains dans le cinéma français (cf. l’essai "Minorité visible, cinéma invisible" paru en octobre 2011). Lors de ses voyages en Asie et en Afrique, il a déjà photographié de nombreuses cérémonies du thé, en se concentrant sur les différents codes sociaux et culturels, l’histoire de la cérémonie, ou sur des aspects plus plastiques tels que la couleur et la texture du thé.


Photo : Samuel Nja Kwa, Ataya/ thé/ tea. 15 novembre 2012. Johannesburg

Plasticienne de formation et pratiquant la photographie, Laure Bollinger travaille également la création sonore dans un large spectre : installations, documentaires, fictions, créations radiophoniques, inclassés... Lorsqu’elle décrit sa posture artistique, elle parle d’images sonores, de mise en situation, de jeu, de terrain / désorientation / orientation, du réel pour l’imaginaire...
Pour le projet ataya, elle travaillera sur le concept du bouche à oreille, de la circulation de la parole, de la reformulation du propos. Un jeu de téléphone arabe. http://www.laurebollinger.com/


DÉMARCHE & INTENTION ARTISTIQUE

The Trinity Session apportent leur regard sur la problématique de l’immigration en créant des situations d’échanges culturels. Leur démarche consiste à créer des situations avec des juxtapositions de formes qui attirent l’attention sur des questions difficiles, mais surtout qui créent le décalage ou des contrastes, prennent de la distance vis à vis des normes ou de nos expériences quotidiennes. Le fait de boire du thé selon un rituel ouest-africain, dans l’espace public et spécifiquement dans des lieux choisis pour ces événements, est conçu comme un geste symbolique pour les communautés qui se connectent à cet acte. Dans ce processus artistique performatif et interventionniste, les artistes s’appuient sur ces cérémonies du thé pour rencontrer leurs publics et créer le dialogue. Un séjour de repérage avait été effectué en décembre 2012, permettant de préfigurer les lieux et collaborations qui sont ceux de l’intervention de juin 2013. Lors de ce premier séjour, The Trinity Session a pu trouver l’inspiration de ce projet de territoire, dans le contexte socio-politique et culturel français.

LES THÈMES DE CRÉATION

L’immigration

Stephen Hobbs et Marcus Neustetter sont deux artistes d’Afrique du sud travaillant sur les problématiques d’immigration et d’apartheid. Le travail avec des communautés étrangères – notamment issues d’Afrique francophone - fait partie de leur processus de création depuis plusieurs années. Globalement, les interactions et les collaborations développées avec ces communautés ont donné à Marcus Neustteter et Stephen Hobbs une meilleure compréhension de leur propre ville.

Au delà de la taille que représente ces communautés à Johannesburg, ils portent leur attention sur la marginalisation due à la xénophobie et aux conditions dans lesquelles beaucoup d’étrangers vivent au cœur de la ville. The Trinity Session s’intéresse à la façon dont les migrants se sont appropriés et utilisent la ville de Johannesburg.

Pendant le régime de l’apartheid, Hillbrow était un melting-pot de la culture européenne avec des endroits comme « Le Café de Paris » qui répondait aux sensibilités eurocentriste de la classe moyenne de l’époque. Après le départ des résidents blancs de Hillbrow dans les années 80 et 90, le centre de Johannesburg est devenu le lieu de résidence non seulement de la population noire sud-africaine, mais aussi d’une large population venant d’autres régions du continent africain. Les cafés parisiens sont désormais remplacés - et ce n’est qu’un exemple - par des cantines sénégalaises qui répondent aux besoins d’une nouvelle clientèle d’Afrique de l’Ouest.

Tout comme les communautés d’Afrique francophones à Johannesburg, les villes de France sont mises au défi de la ségrégation culturelle, de la redéfinition de l’espace culturel et socio-politique par rapport aux migrants. Là aussi, l’identité et l’intégration des différentes populations dans ces villes est remise en question.

C’est en partant de cette refonte et de ce repeuplement de la ville encore sous une forme d’apartheid que Hobbs / Neustetter travaillent sur le projet ataya/thé/tea, restant dans cette forme de recherche et de production qui leur est propre.

La cérémonie du thé

Le titre de ce projet se rapporte à cette tradition ouest-africaine de la prise du thé qui a été une cérémonie de bienvenue pour Hobbs / Neustetter, lors de leurs voyages dans des pays d’Afrique de l’Ouest francophone.

L’acte presque rituel de faire le thé n’a pas seulement la fonction de relier les gens, mais c’est aussi un geste de générosité et d’engagement. Contrairement à l’image négative de Hillbrow et aux dures réalités d’un paysage urbain complexe, boire du thé dans ce contexte social est un passe-temps réconfortant, un moment intime et personnel qui passe souvent inaperçu dans la survie quotidienne de ces villes animées.

Le thé est plus qu’une boisson, c’est une cérémonie, une sorte d’institution. Les gens boivent du thé surtout après les repas. C’est aussi la boisson que l’on offre aux amis et aux visiteurs. Boire le thé permet la discussion et entretient l’amitié car s’il est préparé dans les règles de l’art, la préparation est longue. Un thé à la menthe est servi, à trois reprises, d’où son appellation "les trois normaux". Les feuilles de thé vert de Chine sont mises dans la théière avec de l’eau et des feuilles de menthe, puis le thé est mis à bouillir au-dessus d’un fourneau à charbon. Ensuite, on ajoute le sucre dans la théière, puis on verse le thé dans de petits verres d’une certaine hauteur. On transvase du verre à la théière, à plusieurs reprises, pour que se forme dans le verre une mousse. Plus la mousse est épaisse, et plus le thé est réussi. Le premier thé est amer et peu sucré, le second moins amer et plus sucré, le troisième est douceâtre et n’a plus beaucoup de goût car ce sont les mêmes feuilles qui servent à la préparation des trois verres : le premier est le plus amer (on dit amer comme la mort) ; le deuxième verre est plus doux (on dit doux comme la vie) ; le troisième, bien sûr, est plus sucré (on dit doux comme l’amour).

Ce rituel du thé, qui peut durer une heure, est considéré comme un moment de détente et semble être un stimulus pour la conversation et l’échange depuis le processus de brassage jusqu’à la troisième étape d’échange des petits verres à thé. Les trois étapes pour servir le thé ont une signification culturelle liée à la création de l’amitié. La première dose de thé est au début de la phase de brassage forte et amère, le second thé est plus doux et le troisième est très doux et lisse. Cette évolution représenterait la croissance d’une amitié le temps de boire ce thé.


SUR LE TERRAIN...

Qui dit projet de territoire et espace public, dit acteurs locaux : ils nous accompagnement et entourent le projet de leurs conseils, expertises, ressources en lieux et en personnes :

  • La Fabrique des impossibles est une association dont le projet est de créer des liens intenses entres les artistes, les habitants, les écoles, les associations, les lieux de création, les structures sociales, éducatives, de la santé, et tous ceux qui mènent des actions et/ou des réflexions sur l’occupation de l’espace public, l’émancipation de chacun, la liberté de création et d’expression…
  • UnderConstruction est une association de joyeux pédagogues qui questionnent le monde et son fonctionnement avec humour, avec du jeu, avec curiosité. Car UnderConstruction crée des jeux souvent géants, mais pas que, sur de multiples aspects : la démocratie, l’économie, les droits fondamentaux… Ce projet c’est aussi des temps d’échanges de pratiques, des regards croisés sur l’animation, sur le comment faire et que penser ensemble ?
  • La ville de Saint-Ouen : plusieurs services soutiennent la création ataya/thé/tea en conseils et accompagnement, mise en relation et liens avec les acteurs associatifs de la ville : la Direction de Action Culturelle, Le Service Vie Associative (et notamment les référentes des quartiers Vieux Saint-Ouen et Arago-Zola), La maison de Quartier du Landy, La maison de Quartier Pasteur, Le Centre administratif et social...
  • ADEF : le foyer de Saint-Ouen nous accueille pour la cérémonie principale du 21 juin.

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Le projet "ataya/thé/tea" est porté par le lieu Mains d’Œuvres et Trinity session avec le soutien de l’Institut Français, du NAC, de Via le monde, de la ville de Saint-Ouen, et de Ker Thiossane. Manifestation organisée dans le cadre des Saisons Afrique du Sud-France 2012 & 2013.