CO-CONSTRUIRE UNE POLITIQUE DE BIEN-VIVRE

Suite aux ateliers de l’après-midi, un débat interactif permet de développer des idées pour construire ensemble une politique de bien-vivre. Avec Danielle Mitterrand, Présidente de la Fondation France Libertés, Edgar Morin (à confirmer), sociologue et philosophe, et Patrick Chamoiseau, écrivain et poète.
Dans le cadre du Printemps des richesses

Samedi 20 mars 2010


de 17h à 20h – entrée libre

A travers un exercice de visualisation, tous les participants à la table ronde (invités et tout individu du public) sont amenés à faire des propositions sur ce que pourrait être une société basée sur le bien vivre ensemble dans un environnement préservé et partagé, un « bien vivre » qui n’empêcherait pas les générations futures de répondre à cette question fondamentale en leur temps. Chaque personne pourra proposer ce qui compte pour elle aujourd’hui, pour la diversité des richesses intérieures de l’homme et les fondements du bien vivre. Une carte heuristique sera réalisée pendant la rencontre pour tenter de visualiser les propositions.

Edgar Morin, par exemple, considère qu’une nouvelle définition du progrès est nécessaire pour permettre l’émergence d’une société planétaire. Pour lui, le progrès ne doit plus être évalué selon des critères purement économiques, mais selon le niveau de développement du potentiel intellectuel, spirituel et culturel de notre société. C’est ce qu’il appelle la politique de civilisation : "La politique de civilisation est la qualité de vie, le bien-vivre et non le seul bien-être, lequel, réduit à ses conditions matérielles, produit du mal-être. " (...) " Il faudra révolutionner notre mode de vie, notre mode de produire, notre mode de consommer, à la fois pour survivre et pour vraiment vivre ". Pour mener à bien cette révolution, Edgar Morin détaille dans son livre Pour une politique de civilisation, les mouvements à l’oeuvre dans la société moderne : " Nous avons déjà indiqué certains des contre-courants favorables à l’émergence d’une politique de civilisation. Ainsi pouvons nous penser :
- que le contre-courant écologique s’amplifiera en même temps que les développements techniques et industriels qui dégradent la biosphère ;
- que le contre-courant à la logique invasionnelle de la machine artificielle suscitera une aspiration de plus en plus amples à la convivialité. - qu’un contre-courant au consommationnisme se développera sous deux aspects : d’une part dans la recherche d’un consumation (intensité de vie, extase, jeu, fête), d’autre part dans la recherche d’une nouvelle frugalité, tempérance, et simplicité dans la qualité ;
- que le développement du capitalisme provoquera à nouveau le développement de l’anticapitalisme et pourra prendre la forme d’une décroissance (sic !) du rôle de l’argent, du profit ;
- que les aspirations qui ont nourri communisme et socialisme seront toujours renaissantes et pourraient prendre la forme d’une nouvelle conscience civique, solidariste et responsable.
- qu’un contre-courant déjà très puissant contre l’homogénéisation civilisationnelle se traduira par des ressourcements de plus en plus multiples et puissants (le problème étant de savoir s’ils comporteront le ressourcement dans la Terre-Patrie ou la pure et simple refermeture sur les nationalisme, ethnies ou religions). »

Un petit extrait du manifeste pour les produits de « haute nécessité » par Patrick Chamoiseau.

Dès lors, derrière le prosaïque du " pouvoir d’achat " ou du "panier de la ménagère ", se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique).