Chronique Art & Entreprises #1 ... La triangularité du monde !

Posté le 17/06/2016

La Terre est ronde, et bleue, comme une orange. Merci Copernic et Eluard, c’était sympa. Le monde a néanmoins quelque peu évolué, à force d’érosion peut‐être. Il serait devenu triangulaire. Oh ! Vraiment ? Attention, pas de vision pharaonique à l’horizon. Exit les arêtes tranchantes des pyramides. Les perles de sueur ruisselantes sur les corps des esclaves fouettés sans relâche sont définitivement d’un autre âge. Pyramide, le jeu, n’est pas plus d’actualité. Marie‐Ange Nardi et ses déductions étymologiques chronométrées ont été aspirées par le tourbillon de la vie audiovisuelle. Adieu l’amie, on t’aimait bien.

La forme pyramidale est au cœur des représentations caricaturales que nous avons de l’entreprise de papa. La base, la plèbe, la force travailleuse et solidaire, est terrée en sous‐sol, tristement éclairée par les faibles scintillements d’une ampoule usagée. Au sommet de la hiérarchie, on a vue sur la mer. Le fauteuil du boss est auto‐massant, les mocassins sont vernis. On a la bague au doigt mais on s’en fout. Une turlute sous le bureau, promotion canapé et bonne ambiance.

Dans le temple policé des arts contemporains, les pyramides sont faites de coupes de champagne (rendez‐vous au carré VIP), de Ferrero Rocher (Bienvenue aux réceptions de Monsieur l’Ambassadeur) et d’une gente faune au brushing impeccable. Derrière le faste, après l’orgie, on vit d’amour et d’eau plus ou moins fraîche. Le château de cartes s’écroule.

Les clichés tombent. La pyramide a fait son temps. Place à l’échange, à l’équité et au dialogue. Place au triangle !

La structure triangulaire élargit les perspectives de l’art autant que celles de l’entreprise. Il s’agit d’ouvrir ces deux entités à un autre champ d’action, le tout appréhendé avec une méthodologie créative. Oui, l’entreprise, les artistes et les acteurs sociaux peuvent travailler de concert ! Main dans la main, dans la main. Les structures culturelles peuvent impulser de nouvelles dynamiques et aider à la mise en place de partenariats artistiques et entrepreneuriaux, sociaux et solidaires. La transversalité et l’ouverture apparaitront alors au cœur de ce que l’on aime ici à nommer la triangularité mécénale. L’autoroute devient un circuit, la ligne devient un parcours et au centre se dessine un espace partagé.

Amène ton triangle, ding ding, n’oublie pas de lire « Flatland » d’Edwin Abbott Abbott et tu résoudras peut‐être la quadrature du cercle. L’avenir appartient à ceux qui y croient.

Marie Frampier, pour Mains d’Œuvres