Expulsion et réintégration de Mains d’Œuvres

Posté le 11/10/2019 par Blandine Paploray

Droit de réponse de Mains d’Œuvres

--- suite au CP de la Mairie de Saint-Ouen du 08/10/19 concernant l’expulsion de Mains d’Œuvres ----

Mardi 8 octobre 2019, William Delannoy, maire de Saint-Ouen, après de nombreuses années de menaces et de contre-vérités à notre encontre, est passé aux actes : Mains d’Œuvres fait l’objet d’une expulsion et doit quitter son bâtiment historique.

Plus de 20 années au service de la diffusion de la culture pour toutes et pour tous sont balayées d’un revers de main par un élu qui laisse sur le carreau des centaines d’artistes en résidence soutenus par les collectivités locales et l’État, 70 salariés dont il se soucie peu du devenir, des milliers d’audoniennes et d’audoniens usagers quotidiens de Mains d’Œuvres et de ses activités.
Nous n’avons eu de cesse de vouloir entamer un dialogue constructif avec Mr. Delannoy. Nous l’avons dit, écrit, publié, exprimé dans la presse ou sur les réseaux sociaux, en témoignent les documents publics que nous tenons à disposition. Après avoir refusé la médiation juridique initialement proposée, alors qu’un jugement en appel doit intervenir le 3 décembre 2019, la réponse du maire à notre volonté de dialogue est inacceptable. Aujourd’hui, la violence de cette expulsion ainsi que les contre-vérités énoncées dans le dernier communiqué de presse publié par le service de presse de la Mairie ne peuvent rester sans réponse.

La direction de Mains d’Œuvres et son Conseil d’Administration tiennent à apporter les précisions suivantes :

1. C’est bien à l’initiative de Mr. Delannoy qu’une proposition de médiation juridique nous a été transmise le 21 décembre 2017, soit 10 jours avant la fin effective de notre bail, suspendant de fait notre départ des lieux. Nous avons dès lors voulu croire en sa volonté d’ouvrir un dialogue qui aurait été bénéfique à toutes et à tous. Mais dès lors, laissez entendre que vous vous attendiez à notre départ au 31 décembre 2017 est donc faux, voire mensonger. 

2. Depuis sa création, Mains d’Œuvres a toujours payé son loyer (60000€). Mais, en 2010, un incendie a détruit une partie du bâtiment. Mains d’Œuvres a contesté le maintien du loyer au montant fixé par le bail, dès lors qu’elle était privée de la partie du bâtiment sinistré. Fin 2015, c’est le tribunal qui a tranché sur ce sujet et non pas un geste de la part de Mr. Delannoy. Le loyer a été ramené à 1€ pour compenser la perte de la subvention de la mairie (90000€). Nous avons toujours souhaité et exprimer notre volonté de payer un loyer.
3. Nous n’avons pas mis en œuvre une sous-location de nos espaces : Mr Le Maire se méprend de fait - et malheureusement - sur le terme de « résidence d’artistes » qui est le cœur même de l’activité de Mains d’Œuvres depuis plus de 20 ans et qui constitue la raison de son soutien par de nombreuses collectivités territoriales dont le Région, le Département, la Ville de Paris ou le Ministère de la Culture. 

4. Il est écrit que nous serions une charge financière supportée par les Audoniennes et les Audoniens : si auparavant, la mairie versait une subvention de 90 000€, celle-ci a été stoppée en cours d’année en 2014 et ramenée à 0€. Aujourd’hui Mains d’Œuvres contribue donc à la vitalité culturelle de la ville pour 0€.
5. Par ailleurs, la Mairie évoque deux ans de retard dans les travaux de lancement du conservatoire. Or, ce projet n’a jamais été inscrit au budget de la Ville, ni fait l’objet d’aucune présentation du projet architectural envisagé. Il faut se rendre à l’évidence : ce projet n’est pas prêt et il est utile de préciser qu’il coûtera largement plus que les 15 millions d’euros évoqués régulièrement par Mr. Delannoy sans avoir démontré la possibilité technique d’installer un conservatoire dans le bâtiment actuel.
6. Il nous paraît utile de rappeler également qu’en 2016, Mr. Delannoy a évoqué la possibilité pour Mains d’Œuvres de racheter le bâtiment. Cette option était parfaitement envisageable pour lui à l’époque, il était parfaitement ouvert à cette option.
7. Enfin, Mains d’Œuvres a déboursé près de 4 millions d’euros pour pallier les manquements de la Mairie depuis plusieurs années en termes d’entretien du bâtiment et qui lui incombait en tant que propriétaire.

Mr Le Maire peut se douter combien l’expulsion de Mains d’Œuvres et de ses milliers d’usagers est une perte lourde pour l’image de la Ville et priverait des centaines de familles d’un accès à l’art et la culture divers, ouvert et partagé. Malheureusement, encore une fois, il préfère lier le devenir de Mains d’Œuvres au devenir du Conservatoire, comme si le fait de déshabiller entièrement Pierre permettrait de vêtir convenablement Paul. Il n’a eu de cesse de monter les usagers de ces deux établissements les uns contre les autres.
Nous défendons avec l’ensemble de nos partenaires (État, Région, Département, Ville de Paris, Plaine Commune) un lieu emblématique qui a écrit une page de l’histoire des politiques culturelles pour les audoniens. Nous défendons une place pour chacun, un rayonnement de notre ville, une exigence artistique, un accompagnement de l’émergence.
Nous ne cherchons pas à nous opposer à une décision de justice, mais nous demandons le droit à être respectés, le droit à attendre la décision finale de la justice avec le résultat de l’appel ainsi que, dans le cas d’une décision en notre défaveur, le droit d’un temps nécessaire pour déménager et libérer les lieux dignement. Nous nous sommes investis sans compter avec tous les artistes en résidence à Mains d’Œuvres sur ce territoire depuis 20 ans, nous méritons !
Aujourd’hui, le lieu est fermé. Ce sont plus de 70 salariés permanents, notamment dans des structures d’économie sociale et solidaire, 120 salariés intermittents, 250 artistes et indépendants en résidence, au travail quotidiennement, ainsi que 250 élèves de l’école de musique, 1 500 adhérents, 40 000 usagers annuels et 9 000 musiciens par an dans les studios de musique qui se retrouvent sans lieu, sans équipement et sans outils de travail, avec des conséquences financières énormes pour les équipes artistiques, les résidents et pour l’association, dont les ressources propres sont liées à la programmation et à l’activité du lieu.
Fazette Bordage, Présidente de Mains d’Œuvres, Juliette Bompoint, Directrice de Mains d’Œuvres, Les membres du CA de Mains d’Œuvres, les salariés, les artistes, les résidents, les associations, adhérents, bénévoles et usagers de Mains d’Œuvres.

15 JANVIER - LES JOURS D’APRÈS

Photo : Julien Caupeil

"ON A RÉCUPÉRÉ MAINS D’ŒUVRES !"

Déroulé chronologique depuis le 15 janvier, entre joie immense, épopée de clés perdues, grand ménage collectif, événements hors les murs et épisodes tragi-comiques.

15 janvier 2020 - Communiqué sur la page Facebook de Mains d’Œuvres

Chères et chers amis, membres, soutiens actifs de Mains d’Œuvres, de ses salariés, de ses artistes-résidents..

Le tribunal de Bobigny a prononcé son délibéré aujourd’hui mercredi 15 janvier : il demande à la ville de Saint-Ouen la réintégration de Mains d’Œuvres dans son bâtiment historique dans les 72 heures !!!!

Nous avons toujours fait confiance à la justice dans le différend qui nous oppose depuis plusieurs années à la ville. Elle s’est exprimée aujourd’hui.

Cette décision est une victoire pour la culture, pour celles et ceux qui la font vivre au quotidien.

Nous vous donnons toutes et tous rendez-vous ce soir à 18 heures devant Mains d’Œuvres.

20 janvier 2020 - Le maire remet les clés de Mains d’Œuvres à la justice 20 janvier 2020
Article du Parisien

24 janvier 2020 - Premiers pas dans MDO et début du chantier collectif

Photos : Jeanne Frank et Axelle de Russé

10 février 2020 - Crowdfunding

Début février lancement d’une cagnotte solidaire permettant de financer les travaux de remise en état du bâtiment suite aux dégradations causées par l’expulsion.
CAGNOTTE SOLIDAIRE : http://bit.ly/soutenonsmdo