10èME FESTIVAL DES CINEMAS DIFFERENTS DE PARIS

Créé fin janvier 1999 par le Collectif Jeune Cinéma (en résidence à Mains d’Œuvres), le festival est l’une des rares manifestations consacrées exclusivement aux films engagés, indépendants, underground, alternatifs, expérimentaux ou différents. Les séances auront lieu à Mains d’Œuvres et à l’Archipel. www.cjcinema.org

Du 13 au 14 décembre 2008


Les 13 et 14 décembre • 5€

samedi 13 décembre 2008 • Apéritif et rencontres • à partir de 16h, à Mains d’Œuvres

Dans le prolongement des séances, le festival proposera un apéritif informel où tout un chacun (qu’il soit cinéaste, critique, ancien ou actuel membre du CJC ou simple spectateur passionné) sera invité à venir témoigner, discuter et dialoguer pour donner ses impressions, évoquer ses souvenirs et expliquer ses liens avec les dix manifestations du Festival des Cinémas Différents de Paris.

Noir et blanc
Le goût du Koumiz,
de Xavier Christiaens

18h, à Mains d’Œuvres

Le goût du Koumiz est un documentaire expérimental du cinéaste belge Xavier Christiaens sur les nomades du Kirghizistan. Xavier Christiaens contemple les steppes de l’Asie centrale tandis qu’une voix-off parle à la première personne du singulier de la domination soviétique. Le cinéaste laisse la caméra s’imprégner des lieux pour créer une poésie visuelle de paysages brumeux. Paysages qui se créent essentiellement pendant le temps du montage. Le film adopte une forme fragmentée dont les plans, à la frontière du visible, finissent toujours par se perdre dans les bords cadres du medium vidéo. Les noirs abyssaux et les blancs brûlés suggèrent des souvenirs traumatiques. Impressions décousues accompagnées d’une ambiance sonore minimale où le champ appelle un ailleurs, un hors champ déterminant : celui du passé de la domination soviétique. C’est un travail sur des impressions et non sur un sujet précis, impressions imprégnées de réminiscence : le goût du Koumiz (ce lait de jument) a des saveurs autant exotiques que proustiennes. Séance en présence du réalisateur.

Le goût du Koumiz, Xavier Christiaens, Belgique, 2002, Beta SP, n&b, son, 56’

Trajectoire
Sylvain George

20h, à Mains d’Œuvres

Jeune cinéaste, poète et activiste français, Sylvain George filme en super 8, dans No Border (Aspettavo Che Scendesse La Sera), l’oppression des migrants européens. N’entre pas sans violence dans la nuit, deuxième travail plus proche du document brut sans concessions que du documentaire conciliant et didactique, poursuit cet engagement critique et montre pour la première fois en image des rafles en France. Le choix définitif du noir et blanc permet au cinéaste une mise à distance respectueuse des sujets qu’il filme pourtant frontalement. Qu’ils reposent en révolte (Des figures de guerre) s’intéresse plus particulièrement, aux politiques migratoires en Europe. Toujours en vidéo noir et blanc ce dernier opus est en cours de réalisation et permet de clore cette trilogie d’un cinéma qui se veut toujours plus engagé. Séance en présence du réalisateur. (83 minutes)

No border (Aspettavo Che Scendesse La Sera), 2005-2007, s8 > mini DV, n&b, son, 23’ N’entre pas sans violence dans la nuit, 2005-2007, mini DV, n&b, son, 20’ Work in progress : Qu’ils reposent en révolte (Des figures de guerre), 2008-2009, mini DV, n&b, son, 40’

10 ans
Le corps filmé

22h, à Mains d’Œuvres

Comment filmer le corps au-delà d’une figuration traditionnelle ? Le japonais Takahiko Iimura répondra à cette question à travers ce pamphlet érotique qu’est Ai (Love). En France, « L’École du corps », qui se développa dans le giron du Collectif Jeune Cinéma au cours des années 1970, chercha à répondre à cette interrogation à travers des corps en actions, engagés dans le plaisir ou dans la révolte (Michel Journiac, Stéphane Marti, Jean Paul Dupuis…) en utilisant la performance ou la sublimation de la pellicule. Explorations sensorielles plus qu’intellectuelles, qui se poursuivent encore aujourd’hui avec les étudiants de Stéphane Marti (Isabelle Blanche, Marie Sochor…) et bien d’autres cinéastes qui renouvellent les moyens mis en œuvre pour filmer le corps de manière toujours plus radicale et contestataire (Friedl Kubelka, Carole Arcega, Louis Dupont, Xavier Baert…). (78 minutes)

Action érotico-patriotique (de Journiac), Bernard Roué, France, 1979, s8, coul, sil, 3’50 Les métaphores d’Alex, Stéphane Marti, France, 1999, s8 > Beta SP, coul, son, 16’ Hymen, Carole Arcega, France, 2003, 16mm, coul/n&b, son, 10’ Jolly - Blanche, Isabelle Blanche, France, 2000, s8, n&b, sil, 3’35 Memosium, Louis Dupont, France, 2002, s8 , coul/n&b, son, 7’ Ai (Love), Takahiko Iimura, Japon, 1962-63, 16mm, n&b, son, 10’ Empreinte, Xavier Baert, France, 2004, 16 mm, coul, sil, 12’ Ex-tension, Jean-Paul Dupuis, France, 1988, 16mm, n&b, son, 6’ Vue tactile, Friedl Kubelka, Autriche, 2006, 16mm, n&b, sil, 3’ La femme rouge (triple écran), Marie Sochor, France, 2000, s8, coul, sil, 7’30

dimanche 14 décembre 2008 Clôture
à partir de 19h, à Mains d’Œuvres

19h, un moyen métrage en noir et blanc : Mercedes Dunavska ou L’impossible trajectoire A1, de Dražen Zanchi

Mercedes Dunavska ou L’impossible trajectoire A1 de Drazen Zanchi a été réalisé à l’Abominable. Présenté en avant-première, ce film de laboratoire par excellence est un travail élaboré en super 8 puis transféré en 16mm à la tireuse optique. Ce road movie minimal se déroule dans les Balkans : une voiture file sur une autoroute toute neuve, la A1 qui va de Split à Zagreb. L’autoroute qui défile sans fin devient l’équivalent d’une bande sonore plastique du film qui nous murmure les souvenirs de la guerre. Une voix-off nous guide dans ce périple temporel et nous parle du lien qui unissait un homme et une femme ayant disparu treize ans plus tôt en pleine guerre. La lecture de leur échange épistolaire, qui oscille entre désespoir et nostalgie, permet de remonter le temps plastique des souvenirs.

Mercedes Dunavska ou L’impossible trajectoire A1, Dražen Zanchi, Croatie/France, 2008, s8 > 16mm, n&b, son, 29’

20h, un ciné-concert :

Fiasco (Rodolphe Cobetto-Caravanes et Frédéric Lemaître, France, s8, n&b)

Le groupe de rock atmosphérique Fiasco, composé des cinéastes Rodolphe Cobetto-Caravanes (guitare, bruits) et Frédéric Lemaître (basse), viendra jouer sur les images de Radio City One, film collectif des deux musiciens qui a été élaboré de 2003 à 2008. Ils étaient venus au festival de 2005 montrer leurs premières images. Il n’est que justice que le travail du work in progress enfin terminé, nous les accueillons à nouveau. Nous sommes aux frontières de l’expérimental. Le spectateur découvre une « fiction déstructurée » où surgissent d’un noir et blanc ultra sous-exposé de belles jeunes filles aux tenues glamours. Le film reprend les ambiances mythiques et les archétypes du film noir : femmes fatales esseulées et solitaires, voyeurisme, meurtres énigmatiques, néons puissants de la grande ville américaine qui surlignent les puissances impénétrables de la nuit, le tout accompagné d’une musique qui épaissit le mystère narratif qui, on le comprend vite, se dissimule dans le grain dense plus noir que blanc de la pellicule super 8.

21h, une performance cinématographique électroacoustique : MetalkinG (Richarles Bronson et Riojim, France, 16mm, n&b, son)

MetalkinG marque la collaboration de Richarles Bronson (basse, micros contacts...) et de Riojim (projecteurs 16mm). Tandis que le premier improvise une musique brutale et bruyante, le second torture son projecteur, faisant subir à ses bobines travaillées à l’Atelier MTK, laboratoire basé à Grenoble, toutes les impulsions que les sonorités lui inspirent. A la projection, des saynètes en noir et blanc se succèdent. Mais linéarité ou narration ne sont pas de mise : surimpressions, images qui bavent, déformées par des protecteurs non homothétiques, jeux de textures à travers des images macros, des pellicules détériorés ou qui brûlent… Les interrogations figuratives sur l’absence de couleur varient, utilisant parfois des fragments (allant parfois jusqu’au flash) de films hollywoodiens comme ces quelques photogrammes du Shining de Kubrick qui viennent hanter plusieurs fois la performance. L’expérience du noir et blanc au cinéma est poussée jusqu’à l’essence minimale de ce qu’elle peut être : une abstraction visuelle tel un carré blanc décliné de manière quasi stroboscopique dans un jeux géométrique infernal et hypnotisant. Cet afflux chaotique d’images en noir et blanc s’associe à une musique industrielle non harmonique. Celle-ci n’est pas conçue comme un simple accompagnement ; le projet MetalkinG repose au contraire sur une interaction constante et très dynamique entre image, son et public, faisant de chaque performance un événement intense et unique : « El kino up your ears » !

et tout au long du week-end à Mains d’Œuvres

Installation, dès 16h

L’Inarchivé, Silvia Maglioni & Graeme Thomson

Les cours de Gilles Deleuze à l’Université de Vincennes furent filmés durant les années 1975-1976. Le projet fut tourné par tous les étudiants sous la responsabilité de Marielle Burkhalter avec une des premières caméra-vidéos portables, la Sony 3420. A partir de ce matériau analogique, retrouvé très abîmé par Silvia Maglioni et Graeme Thomson, le couple d’artistes décide de s’intéresser aux étudiants qui suivirent les conférences du philosophe. L’enjeu de l’œuvre était de faire revivre les élèves de Deleuze tout en conservant cet état d’esquisse qu’étaient ces captations de cours jamais montés ni même montrés. Par un travail de décomposition-recomposition poussé, les cinéastes créent une distanciation avec le matériau original. Les puissances épuisantes du zoom, leur « blow-up » produisent un écart qui permet, à travers l’épuisement de l’agrandissement, l’apparition d’une texture d’images composées de zones abstraites à l’opacité gazeuse, un magma où les noirs et blancs dérivent vers le gris, vers le trou noir, vers des taches de murs blancs en décomposition qui matérialisent ainsi, de manière poétique, l’enjeu de départ du projet estudiantin inachevé, celui de filmer l’esprit philosophique en gestation.

Stand librairie

Pendant le week-end à Mains d’Œuvres, le festival met en place une librairie éphémère. Consacrée aux publications de tous formats (livres, revues, VHS, DVD) sur le cinéma expérimental, cette vitrine rassemble les principaux acteurs de l’édition et de la diffusion dans ce domaine : Re:voir Vidéo (The Film Gallery), Lis Voir, Paris Expérimental, Les Editions du Centre G. Pompidou, Lowave, Le Bas Parleur, ainsi que d’autres auto-éditions d’artistes.

Vidéothèque

La vidéothèque mettra à disposition du public et des programmateurs les films sélectionnés du festival ainsi que la quasi intégralité des films distribués par le Collectif Jeune Cinéma. (Réservation conseillée avant festival auprès de Violeta Salvatierra cjcinema@wanadoo.fr)