ENTRE CHIENS ET LOUPS

Création in situ d’Akatre
Une expérience plastique, visuelle et sonore après cinq ans de résidence dans le lieu. Vernissage vendredi 23 novembre à 18h.

Du 23 au 25 novembre 2012

Entre Chiens et Loups | Teaser from Akatre on Vimeo.

"À l’aube ou au crépuscule, c’est cette lumière si particulière, celle qui laisse les formes se détacher de l’obscurité sans qu’elle ne soit assez claire pour en distinguer les détails, celle qui hésite encore à basculer du côté du jour ou de la nuit, qu’invoque l’entité de designers graphiques Akatre, dans l’installation exposée pendant trois jours à Mains d’Œuvres.

De ce trio formé par Valentin Abad, Julien Dhivert et Sébastien Riveron, on connaît bien dans ces murs, l’empreinte graphique élaborée pour l’identité du lieu lors de leur résidence de 2007 à 2012. Des kilos de morceaux de sucre, des centaines de gobelets en plastique et des kilomètres de rouleaux de papier y sont passés, entre autres choses du quotidien qu’ils libèrent de leur fonction d’usage, pour en exploiter les qualités plastiques. Avec ces objets devenus matériaux, ils construisent des lettres mais aussi et surtout des mises en scène loufoques et spectaculaires à peu de frais. La pauvreté des matériaux est contrebalancée par la logique de surenchère de leurs bricolages éphémères, élaborés uniquement pour la prise de vue photographique. Ce mode opératoire basé sur le faire, s’il correspond alors à une économie de moyens nécessaire, est aussi en phase avec l’origine ouvrière du lieu et la logique expérimentale qui l’habite aujourd’hui.

Piochant dans ce qui existe déjà, les Akatre s’attachent toujours à créer des formes inédites. Chaque projet éditorial est ainsi l’occasion de créer une nouvelle typographie pour que la lettre, dans sa forme même, renvoie au sens véhiculé. Et s’ils usent d’objets manufacturés dans leurs photographies, le traitement qu’ils en font par l’accumulation ou le recouvrement évacue souvent leur identité première, de la même manière qu’ils rendent anonymes les traits distinctifs du corps humain quand ils mettent en scène des modèles. Le collectif touche-à-tout à l’énergie créatrice démultipliée s’est attaqué plus récemment à la vidéo . Extension de leur pratique photographique, des objets issus de leur répertoire de formes hybrides s’animent dans l’espace cadré du studio suivant une logique d’enchainement de causes et conséquences, fait de chutes, de jets et de coulures. En somme, le studio est le lieu où tout se joue. Espace à part, boîte scindée du réel, il est le terrain du jeu illusionniste auquel se livrent les Akatre, tirant avec facétie les ficelles de leur monde dans le monde.

Entre Chiens et Loups évacue la médiation de l’image présente jusque là dans leur travail, et projette le spectateur directement au cœur de leur boîte aux illusions. L’espace est plongé dans la pénombre, les murs noircis. Au centre, une forme lumineuse triangulaire semble léviter dans l’espace, une forme que le collectif a adopté comme signature. Prosaïquement parce qu’ils sont trois, mais aussi parce que c’est une forme qui revient de manière universelle dans nombre de caractères typographiques, à commencer par le A de Akatre. C’est également une figure qui, en perspective, illustre les lignes de fuite ou plus généralement, qui pointe une direction. Ici c’est celle d’un nouveau départ et d’un nouveau cycle de création que marque cette exposition-événement, avec la fin de leur résidence à Mains d’œuvres et la publication d’un catalogue monographique présentant leurs cinq premières années de création . L’environnement résolument sombre n’est pas sans évoquer une ambiance de fin du monde, le chaos avant l’épiphanie.

Comme souvent dans leur production, les Akatre privilégient l’immédiateté du sens et de la forme, ici l’immédiateté se fait aussi physique. La faible lumière diffusée par la masse triangulaire oscille en fonction des modulations d’une bande-son originale faite de vibrations d’infrabasses et de bruitages, un paysage sonore en constante évolution. La lumière se fait pulsation et plonge le spectateur dans une expérience synesthésique. L’installation garde certains des éléments d’un studio : les néons d’abord – la lumière étant la matière indispensable à la photographie – et le fond de studio, ensuite, comme paroi qui délimite la frontière entre l’image et le réel. Les murs de l’espace d’exposition sont recouverts de feuilles de papier, entièrement imprimées en noir et déchirées, laissant voir par endroit la trame blanche des feuilles. Expression élémentaire d’une rébellion face à la page saturée d’éléments typographiques et d’un refus des designers de présenter leurs propres productions sur papier, ce fond en all-over questionne plus largement la masse des productions graphiques qui saturent notre champ visuel. Cette dimension critique est nouvelle dans la pratique des Akatre. De fait, dans cette installation éphémère, ils explosent, avec une jouissance évidente, les frontières de la bi-dimensionnalité, inaugurant un nouveau champ des possibles, celui de l’espace et du temps."

Hanna Alkema, septembre 2012.
Critique d’art, chargée de recherches au Centre Pompidou. Elle a collaboré avec Akatre sur l’identité visuelle de Pomeranz Collection

Consulter le site Internet de Akatre



X100, Fondation Vasarely, Aix-en-Provence, Août 2012



Dégradés, Saint-Ouen, Juin 2012









Atroa, Saint-Ouen, Septembre 2011








Zero to five, Éditions Gestalten, Publication : Octobre 2012


Première monographie du studio Akatre qui retrace leurs différents projets autour de l’identité visuelle, la photographie, la création typographique, l’édition, la vidéo et les installations.


Akatre dans la presse

EXPONAUTE - Gaité lyrique - Magali Lesauvage

INTRAMUROS - Annik Hémery

Akatre, entre art et design graphique

Akatre est un atelier formé de 3 personnes : Valentin Abad, Julien Dhivert et Sébastien Riveron, ayant l’envie d’expérimenter et de jouer avec les différents chemins graphiques.

Le trio se défend d’avoir une approche traditionnelle dans leur réponse graphique : le dessin des lettres dans leurs créations typographiques ou la mise en place d’installations servent le plus souvent de matière plastique pour leurs photographies. Akatre souhaite créer toutes les formes qui seront mises en place afin d’avoir une réponse personnelle dans un projet artistique ou de commande. Concevoir, chercher et développer des concepts identitaires complets pour des institutions culturelles, pour la conception d’ouvrages artistiques ou pour la presse sont leur activité première, créant de véritables univers souvent empreints d’humour. Le groupe aime se remettre en question pour chaque projet, afin de favoriser dans leur démarche une recherche expérimentale voire inattendue, pour une proposition différente répondant toujours au mieux à une demande initiale. Il n’envisage le travail qu’en profondeur sur des projets dans leur globalité, de la conception à la réalisation.

En 2007, ils se rassemblent sous le nom d’Akatre et sont accueillis en résidence de création jusqu’en 2012 par Mains d’Œuvres.

Akatre met son savoir-faire pluridisciplinaire (graphisme, typo, photo, vidéo, objets…) au service de commanditaires institutionnels (Catalogue de l’exposition Histoire(s) de voir à la Fondation Cartier en 2012, identité graphique de la biennale « Saint-Ouen, Traversée d’arts » en 2012, du TU de Nantes en 2011 et 2012…), de clients dans le secteur de la presse (Libération, Usbek et Rica, Tsugi magazine, WAD, Obsession, Télérama…) et de la mode (Issey Miyake, Galerie des Galeries) mais aussi développe ses propres projets notamment vidéo et photo (Vjing en 2011 pour ParaOne et Tacteel à la Gaîté Lyrique).

Leurs travaux graphiques ont été exposés lors d’expositions collectives (Festival international de l’affiche et du graphisme de Chaumont en 2010 et 2012, Paper Jam 2 en 2012, Galerie Wanted à Paris en 2010…).

Une exposition personnelle, intitulée « Atroa », leur a été consacrée d’octobre à décembre 2011 à l’Espace 1789 à Saint-Ouen. Akatre vient de participer à l’exposition collective Nature(s) à la Fondation Vasarely (Aix-en-Provence).