DON QUIXOTE WHICH WAS A DREAM

Création théâtre, d’après Kathy Acker, mise en scène Hélène Mathon

Du 31 mai 2007 Au 4 juin 2007


Les 31 mai, 1er, 2 et 4 juin à 20h30 • le dimanche 3 juin à 16h
10 € / TR 7 €. Bénévolat

À l’aube du XXI siècle malgré tous les prétendus possibles nous restons profondément seuls face à la question de nos désirs et de notre devenir. Dans cette société effrayée par elle-même, qui n’affronte pas plus ses propres monstres que ses propres enfants, nous sommes gagnés par l’idéal désespéré de la protection quand bien même cela nous tue. « Don Quixote, which was a dream » est une nuit dans l’esprit d’une femme. Enfin démente, parce que sur le point de se faire avorter, lui vint l’idée la plus folle que puisse concevoir une femme. A savoir : aimer. Il ne s’agit pas ici de réaliser l’adaptation du texte de K.Acker, mais de l’utiliser à nos propres fins pour reprendre le chemin essentiel qui de l’intime mène au politique. La ligne qui, de Cervantès à Kathy Acker, mène à nous, une ligne d’inquiétude face au réel et de foi en la force de l’imaginaire.

Espagne, 1691 : En réaction à une société au fonctionnement dogmatique et impérialiste, Cervantès invente le personnage de Don Quichotte, gentilhomme campagnard qui, ayant trop lu d’aventures chevaleresques, s’en pénètre au point d’en perdre le sens commun et de prendre la pure fiction pour la réalité. Il abandonne sa maison pour partir à la conquête de la vérité, de l’amour et de la justice dans l’accoutrement d’un chevalier errant. Avec ce roman, on assiste à la rupture avec un monde ordonné par les mythes et les dieux. Don Quichotte est un être sans certitude, sans objectif avéré, dont l’idéal se confronte sans cesse à l’adversité du réel. Il pose les questions des limites et des possibilités de l’homme, des raisons de son combat et remet en jeu notre incurable besoin d’infini et d’éternité. C’est l’avènement d’une morale de l’impossible, une quête à l’objectif informulé et informulable.

États-Unis, 1986 : K. Acker plagie joyeusement Cervantès et transforme l’ingénieux hidalgo en femme (Don Quixote). Elle signifie ainsi qu’il existe des liens entre l’Espagne de l’Inquisition et les Etats-Unis de R. Reagan. Comme Cervantès à son époque, elle éprouve le besoin de questionner l’exercice de la liberté dans la société qui est la sienne par le biais de l’« ancien art of madness » : la littérature.


Don Quixote which was a dream, mai-juin07
envoyé par mainsdoeuvres

Coproduction :
Théâtre Le Merlan et Montévidéo à Marseille (aide à la maquette) ; Les Subsistances à Lyon / Avec le soutien de la DMDTS – Ministère de la Culture et de la Communication – et de l’American Center.

Equipe de création :
Avec Sébastien Chollet, Hélène Mathon, Rachel Bénitah, Thomas Turine et Cédric Leboeuf
Mise en scène : Hélène Mathon
Traduction : Laurence Viallet
Adaptation : Hélène Mathon, Rania Meziani
création lumières : Nathalie Lerat
Scénographie : Valérie Jung
Costumes : Virginie Breger
Régie : Cédric Marie
Composition musicale : Cédric Leboeuf
Son : Thomas Turine
Film d’animation : Clémentine de Chabaneix et Hélène Mathon

Contact presse : La langue écarlate, Florence Bourgeon 06 09 56 44 24


La traduction “Je commence à m’inquiéter de l’autocensure, du fait que je puisse intérioriser de la merde. Je pourrais écrire ce que les gens attendent de moi, écrire en étant dirigée par des considérations économiques. Pour prévenir cela, j’ai commencé à travailler avec mes rêves parce que je ne suis pas non plus censurée quand j’utilise le matériau des rêves. Et je travaille à l’invention d’un genre de langage où je ne serais pas non plus facilement façonnée par les attentes d’autrui. Je cherche ce qui pourrait s’appeler un langage du corps. Un truc que je fais c’est de m’enfoncer un vibreur dans le con et de commencer à écrire, écrire à partir du point d’orgasme, perdre le contrôle du langage et voir à quoi ça ressemble.” Interview de K. Acker avec R.U. Sirius.

L’unique traduction existante du texte a été publiée en 1986 par les éditions Sillages et réalisée par Patrick Hutchinson. Elle est aujourd’hui épuisée et ne sera probablement pas rééditée puisque la maison d’édition n’existe plus. Cependant, une très récente traduction de « Sang et stupre au lycée » aux éditions « Désordres », des enregistrements « live » de l’auteur ainsi que de nombreuses discussions avec ses ayants droits et d’anciens collaborateurs, laissent penser que le texte en notre possession ne restitue pas les qualités et les spécificités du texte original : la chair, le politique et une profonde musicalité. Nous procéderons lors des répétitions à une nouvelle traduction des passages utilisés avec l’aide des éditions « Désordres » qui s’engagent dans une re-traduction de l’entièreté de l’œuvre de K. Acker.

“Une écriture qui déconstruit la syntaxe de nos récits, comme le cubisme avait « désécrit » celle de nos regards. Une sorte de Guernica de l’écriture. Un combat mené par une irrespressible héros-héroïne, défaillante et indomptée. Une écriture allègre, post-féministe, dédiée à tous les mutants qui s’en prennent vaillamment aux monstres froids du monde : ceux, perpétuellement renaissants, du terrorisme moral, de la violence suicidaire, du mensonge infantilisant. Une écriture perverse, insurgée, à la visée éthique. Son plus profond désir : notre intime réveil, notre redressement.” P.Hutchinson, préface à “Don Quixote which was a dream”.