GREGOR SAMSA • CONCERT

Post rock. Avec en première partie : eliotE & The Ritournelles

Lundi 19 janvier 2009


Rapidement comparé à Sigur Rós, Múm ou Godspeed You ! Black Emperor, Gregor Samsa donne à entendre un post-rock teinté de shoegaze, bâti sur un duo vocal masculin/féminin. Gregor Samsa est un miroir musical renvoyant à la célèbre nouvelle, là où la tristesse côtoie la solitude et la désolation.
http://www.myspace.com/gregorsamsam...

eliotE & The Ritournelles (FR)
En 2007, eliotE compose entre Paris et San Francisco ses premiers morceaux influencés par l’école folk et anti-folk US, le Jazz et la littérature beat. Très vite, la rencontre avec deux talentueux musiciens provenant d’horizons plus Rock fait naître une dizaine de morceaux. Smudie les accompagne de sa plume. Une voix oscillant entre Sybille Baïer et Joanna Newsom, une farouche guitare slide, plusieurs ukulélés, toy pianos et mélodicas : c’est ainsi qu’eliotE & The Ritournelles http://www.myspace.com/eliotee inventent tantôt des comptines folk acoustiques et bricolées, tantôt des ritournelles en apesanteur aux sursauts électriques. Le trio composé de Minnie Benoliel, Thomas Charlet et Guillaume Magne, a joué en 2008 à Paris, Rennes et Lyon. Après avoir participé à la remarquable compilation Have a Good Night 3 http://blogupmusique.com/have_3/sommaire.htm proposée par Blog up Musique, un premier Ep intitulé « Goodbye Ghosts » voit le jour en Octobre.

A lire pour en savoir plus sur Gregor Samsa :


Né au début des années 2000 en Virginie (USA), Gregor Samsa (du nom du protagoniste de La Métamorphose) balbutie un temps avant de fixer sa composition à 7 membres (avec Mia Matsumiya et Toby Driver de Kayo Dot). Rapidement comparé à Sigur Rós, Múm ou Godspeed You ! Black Emperor, Gregor Samsa donne à entendre un post-rock teinté de shoegaze, bâti sur un duo vocal masculin/féminin avec Champ Bennett et Nikki King pour interprètes. 2001 voit ainsi la parution d’un premier split avec The Silent Type, suivi de deux Ep (Gregor Samsa (2002) et 27:36 (2003), avant que la carrière du combo prenne définitivement son envol en 2006 entre les succès du split avec Red Sparowes et l’album 55:12. Désormais considéré comme une des formations les plus doués de la discipline, GS revient avec un deuxième album en guise de confirmation : Rest.

Inspiré du destin tragique du (anti-)héros de la Métamorphose, Gregor Samsa est un miroir musical renvoyant à la célèbre nouvelle, là où la tristesse côtoie la solitude et la désolation.

“En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte.” Dernier œuvre en date de la formation américaine, Rest est une évocation non dissimulée de ces “rêves agités” kafkaiens, un voyage post-rock sondant dans le labyrinthe des songes la possibilité d’une autre réalité. Drapé dans un ensemble orchestrale substantiel, bercé par un florilège de violons ondulants, Gregor Samsa démontre à nouveau toute l’étendue de son talent, développant en 9 titres évolutifs, l’horizon flottant de son art, fragilement placé sur une corde tendue au dessus de l’abîme.

Désormais uni dans la vie, le couple King/Bennett s’y donne une nouvelle fois la réplique au milieu des envolées séraphiques, dans un dialogue qui relève du murmure céleste (Jeroen Van Aken, Abutting, Dismantling). Délaissant toute forme de brutalité, gardant l’équilibre précaire dans chacune de ses prises de parole, Gregor Samsa livre un message emplie de spleen, qui vient s’aposer délicatement sur la mélancolie des violons et du piano (Ain Leuh, Pseudonyms). Car contrairement à bons nombres de formations du genre, GS ajoute à la majesté de son propos, une parure vocale indie qui multiplie les strates sonores et lui donne une grâce inouïe. Rest ne se contente donc pas de la simple montée post-rock basique, il explore les sens, joue avec ses propres vertiges, utilisant l’electro pour gonfler sa partition dans un univers shoegaze/noïsy étourdissant (First Mile, Last Mile).

Légèrement moins axé sur l’émotion crue que lors des précédents efforts, parfois plus nébuleux (Company), Gregor Samsa utilise à présent des nouveaux ressorts (samples, clarinette, sonorités asiatiques) pour amplifier sa mue. Rappelant ainsi par sa luminosité/vulnérabilité l’esthétisme des films de Sofia Coppola (The Adolescent), Gregor Samsa détient désormais le pouvoir de rendre trouble la vérité tout en parvenant à dessiner un autre monde… par ses simples chuchotements.

“Que m’est-il arrivé ? pensa-t-il. Ce n’était pourtant pas un rêve.”