SON HISTOIRE

Mains d’Œuvres est issu du mouvement de réhabilitation des friches en lieux culturels qui a débuté dans les années 70. Des artistes et autres acteurs de la société civile se sont emparés des espaces laissés vacants par l’industrie, notamment suite à une délocalisation accrue. D’espace de production commerciale, ils deviennent des espaces de production artistique. Plusieurs raisons ont mené les artistes à investir ces lieux : besoin d’espace, développer une création non prise en compte par l’institution, et créer un autre espace d’échange avec la ville et ses habitants.

Aujourd’hui il existe de nombreux lieux culturels partout dans le monde qui sont de taille, de fonctionnement et d’activités différentes mais qui ont comme particularités un bâtiment réhabilité et des valeurs partagées. Dès 1983, ces lieux se sont rassemblés dans un réseau européen appelé Trans Europe Halles pour échanger leurs expériences mais également légitimer leur présence auprès des pouvoirs publics.

Quand les acteurs de la société civile investissent des lieux, ils veulent comprendre leur environnement, l’histoire du lieu, se l’approprier et faire rencontrer le bâtiment avec les habitants de ce territoire. Plusieurs projets sont mis en place qu’ils soient autour de la mémoire du lieu, des rencontres entre les artistes, le quartier et les voisins et également le développement de ces lieux et quartier : comment dynamiser ou participer au développement urbain du quartier.


COMMENT MAINS D’ŒUVRES A VU LE JOUR ?
- Après l’aventure d’Hôpital Ephémère (Hopital Bretonneau), Christophe Pasquet, rejoint par Fazette Bordage (Confort Moderne) et Valérie Peugeot (Vecam), découvre un ancien centre social et sportif des usines Valéo. Après 2 ans de travaux pour offrir des espaces de travail à des artistes, le lieu ouvre au public le 26 janvier 2001. Un grand défi débute alors pour Mains d’Œuvres financer le lieu avec des subventions publiques et des recettes propres qui représentent aujourd’hui 50 % du budget global.

- Le nom Mains d’Œuvres viendra un an plus tard à l’occasion d’une exposition "main d’oeuvre" imaginée par 5 artistes de la relève québécoise en collaboration avec quartier éphémère à Montréal.

- L’association s’est fondée sur le savoir faire de 2 personnalités : Christophe Pasquet, sauveur d’usines pour donner des espaces de travail à des artistes tout en étant autonome économiquement, et Fazette Bordage, rêveuse d’un autre monde où l’art permet d’offrir des possibles à tous. Leur envie commune d’accompagner des artistes s’est traduite par la création de l’association et lieu Mains d’Œuvres. N’ayant peur de rien, ils démontent l’hôpital éphémère pour récupérer le maximum de matériaux qui serviront à la rénovation du centre sportif Valéo. La récupération et l’auto-construction sont les principes de base pour toute réhabilitation de friche. Être créatif et prendre des risques sont les qualités de tout initiateur de friches artistiques. L’énergie et la motivation des fondateurs leur ont permis de former une équipe qui leur a fait confiance et qui les a suivi dans l’aventure.

- Dès la première année, il a fallu convaincre les institutions publiques que ce lieu avait son importance dans le territoire et qu’il devait être soutenu. Après plusieurs mois de réunions, Fazette Bordage a mis en place des partenariats avec le Conseil Général de la Seine Saint-Denis, la DRAC et le Conseil Régional Ile de France. Ces financements arrivant en fin d’année ont permis de payer l’équipe en place depuis le début de l’année. Challenge relevé !

- Mains d’Œuvres existe et développe une économie mixte pour permettre à ce projet de se pérenniser. Ce challenge économique existe toujours et est une bataille de tous les jours pour l’équipe en place aujourd’hui. Le système économique n’est pas la seule trace de l’histoire du lieu, les tables ovales du restaurant, les anecdotes des gardiens présents pendant la réhabilitation ou les fauteuils verts datant de l’hôpital Éphémère sont autant de marqueurs d’histoire.


15 DATES QUI ONT MARQUE LE LIEU DEPUIS SA CREATION

Printemps 98 - Découverte du lieu.

Après l’aventure d’Hôpital Ephémère (Hopital Bretonneau), Christophe Pasquet, rejoint par Fazette Bordage (Confort Moderne) et Valérie Peugeot (Vecam), découvre un ancien centre social et sportif des usines Valéo. Après 2 ans de travaux pour offrir des espaces de travail à des artistes, le lieu ouvre au public le 26 janvier 2001. Un grand défi débute alors pour Mains d’Œuvres financer le lieu avec des subventions publiques et des recettes propres qui représentent aujourd’hui 50 % du budget global. Le nom Mains d’Œuvres viendra un an plus tard à l’occasion d’une exposition "main d’oeuvre" imaginée par 5 artistes de la relève québécoise en collaboration avec quartier éphémère à Montréal.

Mai 2000 49ème rencontre Trans Europe Halles

Profitant de la présence de représentants de nombreux lieux de culture européens et de la coïncidence de la prochaine Présidence française à l’Union européenne, une rencontre s’organise pour construire une réflexion : sur les enjeux représentés par le patrimoine industriel pour la jeune création contemporaine, les jeunes générations, les coopérations et les échanges artistiques et culturels entre les villes et régions d’Europe, sur l’engagement de la France et de ses partenaires européens dans une politique et un dispositif technique facilitant la reconversion des friches industrielles et militaires en lieux de culture. Cette réunion s’est déroulée quelques mois avant que le ministère de la culture commande une étude sur les friches artistiques qui deviendront les nouveaux territoires de l’art.

Septembre 2001 - Mémoire et transmission

- 80 anciens salariés de chez Ferodo/Valeo se sont retrouvés autour d’un repas et ont re-découvert, à la lumière de son actualité, le bâtiment qu’ils avaient fréquenté autrefois. Deux univers, deux époques, des façons différentes de voir, de penser et de faire ont été alors mis en présence très frontalement. De cette rencontre va naître un projet mené sur 4 ans : "Mémoire et transmission d’une histoire industrielle à Saint-Ouen" (documentaire, exposition, conférence, etc..)

Mai 2002 – Magie Blanche à Dakar

Olga Kisseleva et l’équipe de Mains d’Œuvres sont invités à participer à l’inauguration du lieu Kerthisossane à Dakar. Olga y poursuit son projet Une voyante m’a dit et réalise un acte « sorcier » : grâce à la manipulation des outils numériques et des techniques de la photographie, elle échange son regard avec différents participants afin d’endosser symboliquement leur identité et de voir le monde avec les yeux de l’autre. C’est un moment magique pour les jeunes sénégalais qui découvrent leurs portraits avec les yeux bleus d’Olga !

juin 2002 - L’antifolk festival, futur Mo’fo

A l’initiative de Benoît Rousseau, programmateur de Mains d’Œuvres jusqu’en 2005 et en étroite collaboration avec Herman Düne, Antifolk, comme son nom (ne) l’indique (pas), se consacre au folk, mais aussi au rock et aux débuts de l’electro rock. Après deux éditions Antifolk, il cède la place à Mo’Fo. On y entend More Folk ou Mother Folk, ou encore Mother F... selon ! Un petit festival qui allait devenir grand : The Gossip, Shannon Wright, Herman Dune, Teenage Fan Club, Pastels, Zombie Zombie, Les Georges Leningrad, The Married Monk, The Chap, Acid Mother Temple, Jeffrey Lewis, WHY ?, The Berg Sans Nipple, Television Personalities, Take It Easy Hospital, French Cowboy… En 2011 s’organise la 9ème édition du festival.

2003 - le tournage du film Podium de Yann Moix

Dans la fameuse salle futuriste orange, la bien nommée Star Trek. Suivront quelques tournages de biopics des années 70, Coluche de Antoine de Caunes et Le Gainsbourg de Joan Sfarr. Pour l’association accueillir des tournages ou faire des locations d’espaces est vitale pour son bon fonctionnement. L’association étant subventionnée à hauteur de 45%. Ouvert 7jours sur 7 de 9h à minuit pour permettre aux artistes de travailler quand ils le souhaitent.

03 avril 2004 – Cascade domino

Dans le cadre de l’exposition Hotel Reliance, Vincent Ganivet crée une cascade-domino de parpaings, en s’adaptant au lieu pour qu’elle soit le plus conforme aux règles du jeu, c’est-à-dire très étendue et impossible à visualiser en entier. L’artiste se place dans une volonté de subversion des conventions d’exposition, et répond au lieu à chaque occasion en réalisant des attaques et des catastrophes liées à l’architecture, en soulignant les limites et faiblesses de celle-ci. Un magnifique dialogue se crée entre l’installation et l’ensemble des espaces du bâtiment traversés par celle-ci.

Mars 2005 - Immersion dans la langue des signes

La Compagnie Hippolyte à mal au cœur propose un spectacle époustouflant en français et langue des signes. Le Grand Cahier est l’histoire de deux êtres qui s’appliquent à détruire tout ce qui fait souffrir et qui, doucement, dérapent sur la frontière de l’acceptable. C’est l’histoire d’un enfant seul qui s’invente, un autre pour devenir un Nous. Cette adaptation du roman d’Agota Kristof met en scène un binôme sourd-entendant pour un Nous indivisible. Sous une cabane bidouillée, un petit jeu d’hommes et d’objets pour un spectacle un peu cruel.

Juin 2006 - ouverture du Centre Art sensitif

Selon l’idée originale de Jean-Noël Montagné, ce centre de ressources (le premier en France) accompagne artistes, chercheurs, étudiants ou bidouilleurs dans la découverte et l’utilisation des technologies de l’interaction temps réél, en ce qu’elles ouvrent comme possibles. Il propose des activités pédagogiques de type expertises de projets et conseils, formations sur les outils matériels et logiciels sous licences libres, découverte d’applications artistiques, rencontres professionnelles.

Janvier –février 2007 – “je ne suis pas un artiste” de la cie Mille Plateaux Associés

Une Odyssée contemporaine sur la notion de beau, référence historique de l’art mise à mal par la modernité. Qu’est-ce qu’un beau mouvement ? Et quel serait le plus beau mouvement possible ? Plus d’une centaine d’amateurs ont participé à la création en amont de la pièce. Associant danse, vidéo, chanson et musique, ce feuilleton de douze heures est une échappée belle hors des agendas, une expérience du temps et de la durée.

Du 19 au 29 mars 2008 - 1ère édition du Printemps des richesses

Spectacles, rencontres, ateliers sensibles, expérimentations pour se réapproprier la définition de la richesse et explorer ce qui compte vraiment pour nous avec de “riches” débats en présence Dominique Méda, Danielle Mitterrand, Jean Gadrey, Jean Fabre et Patrick Viveret. Depuis 2003, Mains d’Œuvres s’investit dans le projet Produit Intérieur Doux dont l’objectif est de faire reconnaître la valeur de différentes formes de richesses, en particulier culturelles, écologiques et sociales, qui ne sont pas reconnues comme telles par un instrument de mesure comme le Produit intérieur brut.

2009 : Artiste à la maison

Mains d’œuvres lance son projet Artiste à la maison et s’associe avec le bailleur social Saint-Ouen HLM. Plus de 20 spectacles sont réalisés dans les cours et salles communes des immeubles HLM de Saint-Ouen et de l’Ile Saint Denis. Plus de 300 personnes vont partager une expérience sensible à la maison. Un temps d’échange organisé à la fin du spectacle permet un dialogue ouvert et convivial avec l’artiste.

21 juin 2010 – Un incendie

Le jour de la fête de la musique en 2010, une partie du bâtiment est ravagée par un incendie qui avait pris naissance dans l’entrepôt d’antiquaire mitoyen. Fort heureusement aucune victime ne fut déplorée, mais beaucoup de dégâts matériels et des pertes d’œuvres pour de nombreux artistes plasticiens en résidence. L’incendie se voyait depuis la place de la Concorde. Une partie du bâtiment devant être rénovée, c’est l’occasion pour Mains d’Œuvres d’inclure les travaux dans sa démarche plus globale de développement durable.

2011 – Les « 10 » de chaque mois

Mains d’Œuvres est de fait un lieu de travail, un laboratoire de créativité et, pour tous, un espace de découverte du monde à travers les yeux d’artistes ou non artistes ceux qui on décidé de laisser agir leur imaginaire ! C’est ce temps là que nous avons voulu mettre en avant pour les 10 ans du lieu, tout ce processus qui mène jusqu’à l’œuvre, tout ce temps de recherche qui permet à d’autres de s’immiscer dans la création et ainsi se frotter au fonctionnement de nos émotions, nos sensations et notre créativité : Un temps de lâcher prise maîtrisé et cheminé par l’art. Nous avons proposé 10 moments forts et intimes de découvertes avec l’artiste, le lieu et son histoire ainsi que l’équipe de Mains d’Œuvres.